Je profite du deuxième aéroport international de Bangkok (Don Mueang) pour petit déjeuner au Starbucks, en bon « backpacker ». Si j’en parle, c’est pour vous avertir : ne prenez JAMAIS un Green Tea Latte ! Comment ça, « jamais » ? JAMAIS, c’est compris !
 
À moins que vous n’éprouviez une excitation étonnante, ou une curiosité malsaine, ce thé est à vomir. Cette odeur me rappelle bien quelque chose, mais je mets plusieurs minutes à la situer. Non je ne rêve pas, je suis en train de siroter un thé sucré au goût de maki…
 
Arrivée sous la pluie en Birmanie, par l’aéroport de Mandalay. La journée s’annonce plutôt morose, mais je sors me dégourdir les jambes, dans l’espoir d’atteindre Mandalay Hills à pied.
 

 
 
On ne dirait pas sur le plan, mais les distances entre chaque point d’intérêt sont … plutôt énormes, la faute à ce palais royal qui est un carré dont chaque arête fait 1,6 kms ! Je me rabats sur un taxi qui m’emmène à Amarapura, afin de tenter le coucher de soleil sur le pont U-Bein.
 
 
Il s’agit d’un pont en teck de 1200 m de long construit en 1849, avec pour objectif de relier la ville à la campagne pendant la mousson.
 
La minute « guide du routard » : le bois provient du palais d’Inwa, recyclé après l’abandon de ce dernier. À noter que certains souhaitaient réutiliser ce bois pour construire des monastères, mais le roi estima qu’on ne pouvait construire des monuments sacrés pour les moines à partir de bois utilisé pour les hommes.
 
Avant cette étape donc, passage furtif à la Patodawgyi Pagoda.
 
 
Il est 16.30 quand j’enjambe pour la première fois U-Bein Bridge. Le soleil fait la gueule, mais les birmans me sourient pendant que je traverse ce pont. Ou plutôt, ils répondent à mes sourires, et cela fait un bien fou. Un mélange de curiosité discrète et de gentillesse difficile à camoufler. Le fait que j’arpente ce pont par temps mauvais doit sans doute jouer en ma faveur. Mais j’adore ce moment hors du temps.
 
 
 
 
Les jeunes enchaînent les selfies, et m’y convient même parfois. Surprenant (même si j’avais déjà constaté ça a Borobudur en Indonésie) et marrant à la fois, comme si disposer d’une photo de soi avec un européen constituait pour ces birmans une sorte de trophée. Il semble également que de nombreux birmans ne voient pas tant de touristes que cela.
 
Avant le trajet du retour, je m’arrête devant une échoppe pour acheter une chips aux crevettes assez peu habituelle en France :
 
 
La traversée du pont est aussi l’occasion d’admirer 2 éléments essentiels de la tenue birmane :
 
– le thanaka : cette pate blanc/jaune d’origine végétale est utilisée massivement par les birmanes pour se protéger du soleil notamment et avoir une sensation de fraîcheur sur la peau
 

Photographer : John Owens (johnowensmedia.com)

– le longyi : tenue traditionnelle des hommes en Birmanie, et largement répandue encore aujourd’hui. Impossible de traîner dans un endroit sans voir un homme porter un longyi, bien souvent à carreaux. 

Je termine la journée par hasard dans un restaurant barbecue, initialement pour boire juste une bière (promis !)
 
Mais cela se termine en brochettes (poulet, pommes de terre, calamars, etc.) et en multiples mousses. Mon état de zombie s’empire, et je me résous à me coucher à 21h, après ces 5 premiers jours en Asie plutôt éprouvants !
 
 
 
Changement d’hôtel en matinée pour retrouver une ambiance d’auberge de jeunesse. Je résidais la veille au Downtown@Mandalay, endroit sympathique au demeurant, mais en arrivant la veille, j’étais persuadé d’avoir réservé une chambre en dortoir. Je me suis rendu compte de mon erreur après avoir laissé la porte de la chambre ouverte pendant une demi heure, en attendant d’y apercevoir une âme qui vive. Mais rien. On s’habitue vite à la vie en communauté …
 
J’emménage donc à l’Ostello Bello. Sorte d’auberge branchée, recueillant des voyageurs plutôt européens. Un peu peur de résider dans un endroit cliché avec ces illustrations / typographies qu’on croirait sorties des deniers sites web en vogue. Mais le cadre est très agréable, et les gens sympas.
 
 
 
 
Je fais la connaissance de Mr Zaw, un guide assez loquace, toujours prêt à renseigner les touristes dont nous croisions le chemin.
 
 
Au programme de la journée, visite de 2 sites à Mandalay, et de 3 anciennes capitales royales qui ont la particularité d’être très proches les unes des autres (à moins de 30 kms de Mandalay) : Amarapura, Sagaing, Inwa
 
Première chose qui marque en scooter à Mandalay, c’est la découverte de cette nouvelle langue qu’est le klaxon-morse. Je ne parviens pas à la déchiffrer correctement, mais on en use et abuse apparemment, un klaxon long (plusieurs secondes) n’étant jamais bon signe. On pourrait dire que c’est comme partout, mais c’est la première fois que j’ai le sentiment d’y déceler une forme de langage évoluée.
 
Passage furtif sur Mandalay Hills (le temps n’est pas propice à une vue incroyable sur Mandalay), l’occasion d’avoir les pieds bouillants, en sillonnant la pagode Su Tuang Pyai :
 
 
La descente fait l’objet d’une deuxième curiosité, si j’ose l’appeler ainsi. Les conducteurs coupent le moteur de leur motos lors de la descente (ça consomme moins bien évidemment). Fait secondaire qui a le mérite de rappeler le fait que les birmans ne roulent pas sur l’or (même les chauffeurs de taxis, qui gagnent pourtant plutôt bien leur vie en comparaison)
 
Puis arrêt à la pagode Mahamuni. M. Zaw m’y accompagne et m’explique de nombreuses choses sur Bouddha, et cette statue qui n’a cessé d’évoluer depuis 1900. En effet, cette statue de bouddha était à l’origine assez simple, mais au fil des ans, les fidèles (masculins seulement, les femmes ne sont pas autorisees a approcher la statue), collent des feuilles d’or (golden leaves) sur la statue. L’évolution en 100 ans de cette statue fait l’objet de 4 photos assez impressionnantes.
 
 
 
 
Les birmans viennent donc prier en nombre devant ce bouddha doré, qui ferait l’objet d’un don de pouvoir exceptionnel de la part de Bouddha. L’enceinte est magnifique, dotée de colonnes décorées de jade, de rouge et de feuilles d’or, ce qui lui confère un certain contraste appréciable de couleurs.
 
C’est l’heure de la pause déjeuner, et je me retrouve dans un resto local sur la route, en compagnie de mon acolyte d’un jour. Un plaisir de se retrouver dans un endroit sans touristes (même si Mandalay en accueille beaucoup moins qu’à Bagan. Du moins, telle a été mon impression).
 
Le repas est l’occasion d’une discussion avec mon guide/chauffeur sur sa vie en Birmanie, et sa perception du tourisme. Dans son cas, il me dit que l’ouverture du pays aux touristes lui a permis de multiplier ses revenus par 5, et qu’il est désormais en mesure de gâter ses enfants, alors qu’avant, il était quelque peu désœuvré et avait des difficultés à trouver l’argent nécessaire à sa famille. Il voit donc le tourisme plutôt d’un œil bienveillant, même s’il regrette certains comportements de touristes manquant d’empathie et de respect pour les traditions birmanes.
 
Il faut dire que le rapport des birmans à la religion est assez particulier (95% des jeunes garçons passent par la case « novice » me dira plus tard notre guide à Bagan). Et le non respect des temples est quelque chose qui les énerve passablement.
 
Les plats arrivent les uns après les autres sur la table : du curry à foison, des soupes, des salades. J’en dénombre au moins une quinzaine.
 
 
 
J’ai une pensée émue pour la street food de Bangkok et pour feu mon estomac, mais tout se passe bien. En général assez gras, certains plats se démarquent des autres de part leurs épices ou herbes très agréables en bouche. D’autres suscitent un mâchage plus prolongé (ce n’est qu’en croquant dedans que je me rends compte que je suis en train de manger des abats)
 
L’addition pour les curieux : 6000 kyats pour deux (avec une bouteille d’eau). Soit environ 2,5€ (conversion à effectuer) chacun.
 
On enfourche la moto pour rejoindre Sagaing, apparemment réputée pour son (ses) pont(s). Mais je n’accroche pas trop à cette ville (ou alors, c’est la digestion)
 
Prochain arrêt : Inwa. Cette ancienne capitale royale se trouve près d’un lac qu’il faut traverser. Les nombreuses calèches que nous croisons sont pleines de touristes, et c’est la première fois du voyage que je me trouve face à des birmans qui commencent la conversation par « where are you from », ce qui n’est jamais bon signe.
 
Répondre à cette question donne lieu à quelques mots en français (« bonjour », « comment ça va » … « pas cher »). Bref, je n’accroche pas trop, même si certains points de vue sont assez beaux.
 
Le point d’orgue de la journée reste le pont U-Bein que je refoule à nouveau avec plaisir, le coucher de soleil en plus. Cet endroit reste magique à mes yeux, même si les touristes y sont beaucoup plus nombreux que la veille en raison du coucher de soleil.
 
Bref, retour à Mandalay, non sans avoir essuyé quelques bouchons. Et repos à l’hôtel, discussions avec les autres voyageurs jusque tard, et « dégustation » de mes premiers cigares birmans.