Premier trajet en bus de Mandalay vers Bagan (environ 5 heures de route, avec une pause déjeuner express, et quelques abats supplémentaires, miam … !)

A peine arrivé à l’auberge, il est déjà l’heure d’admirer mon premier coucher de soleil à Bagan. Je me joins à un groupe qui est en partance, et loue mon scooter électrique. Assez étonnant à conduire de prime abord, car le moteur électrique n’est pas ce qu’il y a de plus réactif. Mais cela reste très agréable à conduire, même si certains ont plus de mal que d’autres en terrain sablonneux … (« oh un arbre ! »)


Nous grimpons sur un temple via les marches prévues à cet effet (oui on « grimpe » tout de même, car c’est très pentu). Un peu surprenant de voir tous ces touristes escalader ces temples, parfois même via des chemins non prévus à cet effet, ce qui pose un vrai problème à Bagan (au delà du fait que c’est juste super dangereux).

J’apprendrai par la suite qu’il est très probable que l’escalade de ces temples soit interdite d’ici quelques mois. En attendant, j’avoue en profiter égoïstement, sans toutefois trouver ça normal.

De retour à l’auberge, le gang des e-bikeurs que nous sommes remporte haut la main le « quiz » organisé par nos hôtes (j’ai pourtant donné de ma personne pour handicaper l’équipe), et nous formons un bon petit groupe sympa.


Seul souci quand on voyage seul, les amitiés n’ont pas forcément le temps de se faire dans la durée, les backpackers ne restant en général jamais plus de 3/4 jours quelque part, mais les bons moments passés ensemble restent. L’occasion de rencontrer beaucoup d’allemands, de néerlandais, quelques français, norvégiens, anglais, singapouriens, suisses, indiens …

(Je profite de mon incapacité à fumer de vraies cigarettes pour « m’encanailler » avec des cigares birmans qui ne nécessitent pas d’inhalation)

Les journées à Bagan sont rythmées par le lever du soleil et le coucher du soleil. Entre les deux, c’est visite de temples/pagodes/monastères, ou juste chill out. C’est la deuxième option que je sélectionne, et après un premier lever de soleil incroyable à côté de la pagode Shwedagon :

La journée se passe ensuite à lézarder dans la balancelle de l’auberge, seulement interrompue par mon premier massage birman, que je partage avec Heidrun. L’heure de massage est « épique ». J’ai fait des massages thaï, indonésiens, vietnamiens, mais alors là … je me prends un 44 tonnes sur le corps (la masseuse ne les paraissait pas du tout cela dit). Je demande plusieurs fois « can you do softer please » (doucement, quoi), et j’ai l’impression que la masseuse s’adoucit. Mais cela reste gaillard, et je contrôle un fou rire intérieur à l’idée qu’Heidrun est en train de subir la même chose.

Le massage atteint son paroxysme lorsque la masseuse pousse avec autorité mon genou droit avec sa jambe droite, et me tire de toutes ses forces le bras gauche vers le haut, me rappelant à ma condition de vertébré ! Bref, une expérience à vivre … mais pas tout seul.

Débriefing hilare au QG, qui d’ensuit d’une soirée assez tranquille, après un restaurant d’au revoir à mes chères camarades norvégienne et singapouriennes.

Bonne adresse d’ailleurs dans New Bagan : le restaurant le Moon 2, à la carte 100% végétarienne.

Le lendemain, bis repetita. Lever de soleil au Bulethi (magnifiques couleurs vers 7h)

Petit déjeuner express, et départ pour le tour gratuit organisé par Christopher, un guide freelance birman qui opère pour le compte de l’Ostello Bello. À 23 ans, son anglais est excellent, et ses explications passionnantes. Il prend le temps de raconter ses anecdotes personnelles (partage de photos de sa cérémonie de passage à novice par exemple lorsqu’il avait 10 ans)

Et puis bon … c’est lui qui me fait mon bandage suite à … « l’accident ». Au départ du tour, trouvant que mon scooter électrique avait décidément beaucoup de mal à reculer, je donne un grand coup vers l’arrière, et je comprends à cet instant précis que la béquille était restée au sol (enfin elle n’est pas restée au sol toute seule …). Je fais le deuil d’un ongle de gros orteil et me décide à participer au tour, ce serait idiot de louper ça.
À peine 10 minutes plus tard, j’ai la joie de sentir une masse plate et lourde à cet endroit. C’est le pied de John, le seul équipé de chaussures de ville évidemment (non content d’être encore plus caustiques que les français, il semblerait que les anglais soient aussi bien maladroits), qui trouve le chemin du mien lors d’un arrêt intempestif.

Bad karma (pourtant, j’enlève bien mes tongs devant les temples …)

Le reste de la journée est incroyable. Sans que cela en constitue la raison, nous apprenons qu’il y a actuellement 2230 temples à Bagan, et qu’à son paroxysme, l’empire Bagan (du 11e au 13e siècle) comptait 1,6 millions d’âmes (je sais, c’est passionnant)

Visite de la pagode Dhamma Ya Zika

Encore une fois, la plus belle marque de respect qu’on peut témoigner envers les birmans, c’est celui envers les moines et les temples. Ainsi, je prends bien garde à ne pas souiller la pagode de mon sang, et j’entoure mon bout de chair d’un petit sac plastique du plus bel effet (non, restez ici je vais parler des temples après, promis !)


Visite de la pagode Sulamani

Christopher nous emmène ensuite visiter Sulamani, sous l’œil affamé des écureuils.

Dhamma Yanyi

Déjeuner dans un restaurant végétarien excellent (qui s’avère être le Moon 1), puis passage dans un monastère, qui accueille 80 moines novices. Des bambins qui ont entre 6 et 10 ans pour la plupart, et que notre visite – Christopher y passe assez souvent durant son tour – leur donne l’occasion de pratiquer l’anglais (se présenter, répéter les activités quotidiennes en anglais, et … séquence selfies à foison). À la vue d’un écran de téléphone portable, ils sont excités comme des petits fous (je crois que Snapchat y est pour quelque chose). Un moment qui aurait pu paraître flippant, si les rires des enfants ne nous avaient pas parus aussi sincères et authentiques (rires d’enfants qu’on retrouve en vérité partout en Birmanie)

Photographer : John Owens (johnowensmedia.com)

Fin de balade chez un producteur d’alcool (alcool dont j’ai oublié le nom), fait à partir de l’écorce d’un arbre qu’on grimpe chacun plus ou moins agilement …

S’entame enfin une course poursuite contre la batterie de mon scooter électrique. Je me sens comme une Renault en fin de Grand Prix de F1, doublée par tous mes concurrents.


Littéralement épuisé par cette journée (lever 4h30, retour à l’auberge à 15h), ça chille tranquille jusqu’au soir, en compagnie de Chrissi, qui m’apprend de nouveaux secrets (cachés aux « vieux ») sur Snapchat, et me fait réaliser que ma maîtrise de la langue allemande est une illusion (à peine une bulle de savon)

Vendredi, lever de soleil classique désormais. Un peu moins impressionnant que les autres du fait des ballons qui ne font pas face au soleil, mais l’endroit est entouré de temples ou pagodes magnifiques.

Bien décidé à visiter le temple et la pagode estampillés « 3 routards » sur mon guide, je profite du moment où tous les touristes prennent leur petit déjeuner.

La pagode Shwezigon est magnifique :

Un moment hors du temps, où je retrouve Anika, une allemande avec qui j’ai « ridé » la veille. Cette dernière est blonde, d’une teinte de cheveux presque blanche, ce qui a pour conséquence d’attirer une nuée de birmans, et de petits novices, enthousiastes à l’idée de prendre une photo avec nous.

Instant incroyable, prolongé par une cérémonie que nous n’attendions pas. A priori une cérémonie de passage à l’état de novice. Les enfants sont habillés d’un vêtement traditionnel, et maquillés pour l’occasion. Difficile d’imaginer qu’ils auront le crâne rasé le lendemain …


Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons du côté de Ananda Temple. Un peu décevant pour ma part … mais les statues de 9m sont impressionnantes.

Grosse grosse fatigue en cette fin de semaine, et nous terminons par un joli coucher de soleil sur la pagode Lawkandza, en bord de rivière.

Ultime lever de soleil le lendemain, du côté à nouveau de la pagode Dhamma Ya Zi Ka avec Chrissi (vous suivez ?)

Voilà, Bagan, c’est terminé. Une étape à la hauteur des énormes attentes qui pèsent sur elles, et qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.

… Départ désormais pour de nouvelles aventures vers le lac Inle !