Cette étape intermédiaire que constitue la visite de Mawlamyine commence par le plus long trajet en bus de ma vie : 10 heures jusqu’à Bago, pause de 4h à 7h30 du matin pour enchaîner avec un autre bus qui nous fera arriver vers 13h sur place, de quoi être bien frais. Soit un peu moins de 16h de bus.

Je fais le trajet avec Vincent, et notre objectif est de rejoindre la péninsule au Sud de Dawei afin de passer 4 jours à Paradise Beach, dont on nous a plusieurs fois vanté les mérites. Il s’agirait d’une plage comme on en trouvait en Thaïlande il y a plusieurs décennies : sauvage, peu touristique … mais j’y reviendrai plus tard.


Revenons-en au trajet en bus qui nous offre un des karaokés bontempi des plus étonnants, avec des groupes qui se succèdent sur une même scène, playback à fond. En esthète, je savoure ce moment … quelques minutes. Puis je m’empresse d’enfoncer mes écouteurs bien profondément craignant la démence.
Étonnamment, je passe une des meilleures nuits du séjour dans ce bus climatisé tout confort, la fatigue aidant. Le réveil à 4h reste brutal (et pas que pour nous manifestement, cf. ci-dessous), et la pause imposée à Bago est assez pénible.

(Décidément, ils aiment les records en Birmanie, je vous présente le klaxon de vélo le plus gros du monde)

On a très envie d’aller aux toilettes mais les seules disponibles sont dignes du film Trainspotting. Nous échangeons avec un groupe de françaises également en transit qui ne font pas les malines très longtemps (« Heu … j’ai vu un gros cafard avec ma lampe torche pendant que j’étais aux toilettes »)
En attendant, un don de cigarette avec le gardien birman d’une banque nous offre un petit répit un peu plus loin de la route.

Le second bus arrive, pas le même standing. Et toujours télé à fond. Les birmanes sont hilares dans le bus en regardant ce que j’appellerais une tele novela nationale basée sur Pokémon Go (si si !). Le gag récurrent ? Deux personnes qui jouent à Pokémon Go sont rivés sur leurs écrans de téléphone et se heurtent de façon pas du tout surjouée … Mais on atteint apparemment l’apothéose à l’occasion d’une scène entre deux travestis, tout le monde est plié de rire dans le bus …


« Fraîchement » arrivés au Cinderella Hôtel (3 sur un scooter avec nos 2 gros sacs …), c’est bien la première fois que je vois un « groom » nous accompagner à … notre dortoir. Haut standing !

Assez spacieux (pour un dortoir), déjeuner sur la terrasse, l’après-midi s’annonce bien.
Une petite balade dans la ville permet d’organiser la location de scooters pour aller voir le PLUS GRAND BOUDDHA COUCHE DU MONDE le lendemain ainsi que le trajet du surlendemain pour Dawei.

Nous retrouvons Esmee (remember Bangkok) a ce moment précis, qui nous présente Lisa Joan, sa travelbuddy également batave que j’appellerai par la suite Lisa tout court. Nous profitons de l’occasion pour nous joindre à leur petit groupe d’une huitaine de personnes qui a prévu de passer la soirée à un « festival ». Il s’agit plutôt d’une fête foraine, qui rappelle la fête des tuileries à Paris.

Une différence de taille tout de même : les attractions ne présentent pas tout à fait les mêmes standards de qualité. En l’occurrence notre montée dans le bateau pirate ne m’inspire pas une confiance mirobolante :

1/ l’espace entre les planches de bois qui nous permettent de monter et le bateau pirate ne me semble pas très réglementaire (de quoi passer 2 grosses jambes, on est juste à 5m du sol …)

2/ le bateau fait un bruit de rouages rouillés couplé à un son de mitraillette en plastique

3/ un mec semble être la pour s’assurer que le bateau file droit … et pour le remettre manuellement dans le droit chemin si ce n’est pas le cas.

Les sensations sont la, c’est le principal !


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L’occasion de déguster mes premiers insectes birmans également, et de goûter à cet espèce de pâte que mâchent les locaux à longueur de journée : les chiques de bétel, un mélange de noix et de tabac qui rend les dents rouges. L’impression de mastiquer un bout de bois trempé dans un liquide peu recommandable.

Mais certains membres du groupe aux goûts discutables semblent bien aimer …

La soirée se termine au night market (des bières !), et dans un bar / karaoké bizarre et vide, bourré de chats. Avec un peu de chance il faut l’avouer, le musicien qui accompagne les apprentis chanteurs range son matériel 5 minutes après notre arrivée.

Les filles câlinent les chats, les hommes boivent des bières bien entendu … (comment ça j’ai pas le droit d’avoir un chat sur mes genoux aussi ?)

Je retourne à l’hôtel seul, Vincent nous ayant quitté un poil plus tôt et les autres dormant dans une autre guesthouse. 10 minutes qui semblent un chouilla longues. Personne dans la rue, il est deux heures du matin. Je rencontre quelques chiens errants qui me suivent a quelques mètres de distance, en mode « on ne sait pas encore si on va te dépecer ».

Pourtant j’ai l’habitude de l’espèce canine mais la j’ai pas la mega confiance. Je fais appel au bouddha power et me dirige sans précipitation vers les chiens et vers mon hotel, puis tout se passe bien finalement.

Le lendemain, nous passons chercher les filles pour aller à Win Sein, a 20 kilomètres de Mawlamyine. Le lieu me fait un peu penser à ces parcs d’attraction un peu datés en France (qui a connu Mirapolis ?), avec des figurines géantes : l’entrée met en scène une interminable rangée de moines allant chercher leur nourriture le matin (ce qui se passe en réalité en Birmanie).

Mais surtout … un bouddha couché de 200 mètres (!). Impressionnant, d’autant qu’un autre encore plus grand est en construction. Il faut bien comprendre qu’en Birmanie, il y a eu par le passé une sorte de surenchère à qui construirait le plus grand temple, la plus grand pagode, etc.

À l’intérieur, des scènes de paradis / d’enfer se succèdent, présentant entre autres la vie de bouddha. Assez curieux, mais franchement intéressant.

(Un moine qui fait des squats)

(Ca ressemble à une grossière brunoise de carottes, mais c’est bien de la lave)

(Un démon pas commode avec la même coiffure que Marine)


(Échange de regards coquins entre bonhommes)

Avant de partir, Esmee expérimente courageusement pour la première fois la conduite d’un scooter (sachant qu’on part chacun le lendemain pour 3 heures de route avec nos backpacks à l’arrière, mais ça elle ne le sait pas encore …)


Deuxième stop de la journée : la visite du monastère (U Na Auk). Une demi heure à chercher l’endroit où nous pouvons voir les moines méditer, ainsi que des personnes des 4 coins du monde venus effectuer une retraite de 3 jours, 10 jours ou même un mois. À l’intérieur, une vrai sérénité règne, mais les règles sont strictes : pas de téléphone, les personnes venues méditer sont censées rester de nombreuses heures sans bouger.


La scène est à la fois apaisante, et intimidante (je songe à ce moment à ma GoPro qui est allumée, et qui émettra sans aucun doute 3 bips assez bruyants lorsque la batterie sera épuisée …)
Sur le chemin du retour, un arrêt dans le sud de la ville est l’occasion de rencontrer un défilé de gens dansant dans la rue, auxquels nous nous joignons quelques minutes, nous trémoussant sur nos scooters.


Fin de journée classique : night market / bar a chats. La vie nocturne n’est pas des plus animées à Mawlamyine…
Et nous partons le lendemain pour Dawei. Départ du bus prévu à 6h, lever 4h30 !