Trajet du jour : Kuala Lumpur > Tioman, où j’ai prévu de passer le PADI Open Water.

Le réveil sonne, il est déjà 7 heures, et temps de se préparer pour prendre un bus qui mettra 6 heures à parvenir à Mersing, d’où je prendrai le ferry qui me déposera à Tekek, sur l’île de Tioman.

La station de bus calquée sur un terminal d’aéroport

Entre les enfants malades dans le bus, le changement de bateau alors que tout le monde est déjà installé, et le navire qui tangue pendant une heure et demie, le trajet est pour le moins agité.

Débarqué sur l’île au coucher du soleil, je file dans un restaurant me sustenter d’un Lemak Goreng, délicieuses nouilles frites, et ne demanderai pas mon reste, fatigué par le trajet.

La route qui longe la plage à une centaine de mètres de la côte est étrangement déserte, presque plongée dans le noir. L’animation ne semble pas être le fort de l’île. Ce qui n’est pas un mal en soi, il est déconseillé de consommer de l’alcool avant de plonger. Et demain le PADI !

Retour sur les bancs de l’école, presque 15 ans après. La journée sera purement théorique, et notre instructeur Prabu, malaisien et ingénieur de formation, enseigne depuis quelques mois au Tioman Dive Center. Nous sommes 5 à participer à la session : un couple d’anglais, et un couple espagnol/autrichienne en plus de moi. Installés dans une salle de classe, nous enchaînons 4 bonnes heures de vidéo dans la journée, assorties de quizz pour vérifier nos acquis :

Ne faites pas attention aux mauvaises réponses

Je somnole comme jamais, ayant perdu l’habitude d’écouter quelqu’un (virtuel qui plus est) tout en étant assis. Et puis … c’est en anglais à 100%, avec le lot de mots techniques qu’il faut assimiler. Une journée studieuse finalement assez sympa, qui s’est déroulée dans la bonne humeur ! Mais fatigante, ayant débuté à 9h30 et terminé à 19h.

Le soir, je retrouve les anglais dans un restaurant de fruits de mer, qui deviendra notre QG ces prochains soirs.


Le lendemain, je vais me rendre compte qu’on n’est pas la pour rigoler. Prabu a revêtu son masque de père fouettard et prend très au sérieux son rôle d’instructeur en ce premier jour de plongée en eaux confinées (traduction approximative). Pour passer son PADI open water, il faut en gros assimiler des « skills » (compétences) et les pratiquer durant 5 plongées en « confined water » et 4 plongées en « open water ».

Mais la première compétence à acquérir, c’est déjà comprendre comment on branche et on installe tous ces tuyaux … :

J’ai l’air serein ?

Une fois dans l’eau, les soucis commencent … nous descendons à -3/5 mètres, et il faut déjà parvenir à enlever son masque sous l’eau et le remettre, enlever son « regulator » (détendeur) de la bouche et le retrouver avec le bras, utiliser la seconde source d’air de son « buddy », gonfler son BCD (en gros le gilet) à la bouche …

A un moment donné, transi de froid, attendant que tout le monde ait réussi ses skills (nous restons au fond de l’eau pour éviter de faire des allers/retours douloureux pour les oreilles), je suis pris d’une bonne crise de panique. Je suis légèrement claustrophobe, et dans ces grandes étendues aquatiques, je me sens pris au piège, surtout quand je suis désœuvré et que j’ai le temps d’y penser. Je remonte à la surface avec Prabu, qui parvient à me convaincre de continuer et je prends sur moi.

Accessoirement, tous les papiers signés en début de plongée ne rassurent pas vraiment sur les risques encourus : les mots « death » (mort), « injury » (blessure) et « lung explosion » (explosion des poumons) émaillent les conditions générales … alors imaginer que je vais devoir descendre à -12 mètres me fait légèrement perdre la boule, j’étais à deux doigts de lâcher mon détendeur, et dire « tant pis, laissez moi mourir parmi les poissons » (ce qui est plutôt comique à -3 mètres)

Bref, une journée assez horrible, même si la fin d’après midi a été bien meilleure, et je ne suis pas le seul à ressentir cela. Amelia l’anglaise, se sent quelque peu oppressée également. Et Rob son compagnon s’est pris une bonne soufflante lorsqu’il est remonté en gonflant son BCD avant d’arriver à la surface (« Rob, you will never do that again » => Rob tu ne fais plus jamais ça !)

En soi, ces réprimandes nous aident à bien retenir, et niveau sécurité, Prabu est parfait. Maintenant, on se croirait un peu en prépa à la remise des notes …

 

Heureusement Bruce (toujours mon drone) est la pour me détendre un peu :

Et le restaurant de poissons est toujours aussi succulent :

Le lendemain, retrouvailles à 9h, et nous filons dans l’eau assez rapidement pour apprendre de nouvelles compétences, et pratiquons notre première plongée en « open water ». La nuit porte conseil, et c’est positifs et enthousiastes que nous abordons cette journée. J’ai pris un énorme coup de soleil sur la tête, et étant chauve … c’est plutôt « assez » visible (2 x 3 heures dans l’eau la veille sans pause crème solaire autorisée) … je crains l’insolation cette fois.

Aïe

Mais mon plus gros souci désormais, c’est mon corps. J’ai l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine, et je me débats comme un diable pour éviter les coraux.
Prabu me dit de me relaxer, d’expirer avec la bouche uniquement, et ces bons conseils ne porteront leurs fruits que le lendemain. Parce que présentement, je me dis intérieurement : « JE SUIS SOUS L’EAU BORDEL, COMMENT JE PEUX ETRE DÉTENDU »

Bref, la journée se passe plutôt bien tout de même, et nous apercevons de beaux poissons, en grande quantité, et ce sans aucune crise d’angoisse. Puis, restaurant en bord de mer avec mes anglais préférés avant d’entamer une dernière nuit qui parvient à me stresser un poil (manifestement, nous ne sommes pas tous des mammifères marins).

Aujourd’hui, nous allons pratiquer nos deux dernières plongées en eaux libres.
Prabu nous explique comment va se dérouler la journée, et après une énième levée d’yeux au ciel lorsque je ne réponds pas instantanément à son interrogation sur la signification d’un des signes sous l’eau, je lui rétorque « est-ce que tu peux cesser de me prendre pour un débile ? », ce qui ne va pas contribuer à réchauffer nos relations … un ange passe.

Il est l’heure d’aller effectuer notre 3e plongée en eaux libres. Un bateau nous y amène, et le placement à l’intérieur est assez comique. Des trous accueillent nos bouteilles afin d’assurer notre stabilité, et nous allons procéder pour la première fois à une plongée dans l’eau en roulade arrière (penser à se tenir le détendeur, le masque, la ceinture de poids, vérifier qu’il n’y a personne derrière, rétracter ses doigts de pieds dans les palmes, gonfler le BCD …)

Puis l’exercice horrible (pour ma part) du CESA, qui consiste à remonter en urgence à la surface en simulant une absence d’air dans la bouteille. 6 mètres à remonter « tranquillement » en expirant et en chantant la lettre « A » (la règle numéro 1 étant de ne jamais retenir son souffle quand on plonge). Je m’y reprends à 4/5 fois avant d’y parvenir … c’est long 6 mètres (pour moi qui dois avoir le souffle d’un chat qui découvre l’eau pour la première fois).

Puis notre plongée se poursuit à -15 mètres, et nous devons passer dans une sorte de tunnel en pierre assez large et haut, avec quelques ouvertures ça et là. Bizarrement, aucun stress à ce moment là, je suis comme un poisson dans l’eau (comprendre, la moindre distraction m’occupe le cerveau, et en l’occurrence la distraction s’appelle Tortue !)

Les fonds sous marins sont merveilleux : des bancs de poissons, des coraux magnifiques.

Évidemment, à cause de mon corps incontrôlable, je heurte un corail avec mes palmes durant la plongée … et je lis le désespoir dans le regard de Prabu. En conséquence, la 4e et dernière plongée où nous sommes censés profiter, je n’ai qu’une obsession : éviter les coraux. Je reste calme au maximum, même si de l’eau rentre régulièrement dans mon masque, et parviens enfin à mieux contrôler mon corps, mais comme cela a été laborieux …

Heureux d’être parvenu au bout, j’ai la banane, tout comme mes camarades.

Il est 16h, le temps de se reposer, puis de louer un scooter pour faire le tour des environs (et parvenir à crasher Bruce sur la plage à 50 cm d’altitude).

A noter qu’en louant un scooter, il n’est possible de s’éloigner que de 1.5 kms de Tekek, mais les paysages, notamment au coucher du soleil, sont incroyables :

 

Puis dernier restaurant avec mes amis British (de fruits de mer évidemment) :


Quelques gin tonic plus tard, il est temps de rentrer et préparer le retour à KL le lendemain matin (lever 5h30 pour prendre la navette maritime à 6h30)