La question que je me posais avant de débarquer au Yard Hostel, c’était de savoir si je n’étais pas trop vieux pour les auberges de jeunesse … bruit, dortoir de 4 bonhommes, propreté, pas d’intimité (et nous constaterons ultérieurement que l’intimité, c’est important dans certaines situations) 

Après tout, cela faisait 15 ans que je n’avais pas mis les pieds dans un établissement de la sorte.

Débarqué de l’avion a 5h30, j’arrive à l’auberge vers 7h30. Et quelques minutes après mon arrivée, la réponse est clairement non. Le lieu, un peu excentré dans Bangkok, est charmant. Des dortoirs hyper clean, climatisés, donnant sur un jardin commun particulièrement agréable. Et je me sens hyper bien accueilli par l’équipe. En une heure de temps, les discussions avec les « backpackers » s’enchaînent bien, et on se sent vite comme dans une petite famille. Les gens sont au bout ou au début de leurs voyages de 2, 3, 6 mois.

Bref ça sent bon le chill !

C’est donc armé de mon tube de crème solaire, et avec la ferme intention de faire une « croisière » en floatboat sur la rivière que je décide de quitter les lieux pour la journée.

Première expérience intéressante : le skytrain. Les thaïlandais font la queue en avance pour monter dedans, et j’ai la surprise de constater que les trains aussi sont climatisés (le newbie), le combo dont rêvent tous les usagers du RER A parisien (et du C) (et de la ligne 13). 

Évidemment, super boulet n’a pas trop prévu le coup et je me gèle carrément les miches le temps du trajet (suspect numéro 1) … mais j’arrive à bon port. On se rend compte assez rapidement qu’il est facile de voyager en Thaïlande en réalité, même si on ne se comprend pas toujours.

Apres d’âpres négociations, je finis par obtenir le tarif qui m’intéresse, mais une fois sur l’eau, je reconnais pour la première fois du séjour ce sentiment d’être un gros touriste qui s’est fait avoir (et hop on s’arrête au bout d’un quart d’heure auprès d’une femme sur le canal qui cherche à nous vendre des babioles toutes plus utiles les unes que les autres, et « come on, take a beer for him » – elle parlait du conducteur). À vrai dire, j’ai toujours un sentiment partagé dans ce genre de situation car on sent bien que les gens ne roulent pas sur l’or, mais je ne préfère pas encourager ce genre de tourisme.

Bref, il faut bien dépasser cette première mauvaise impression, et je me surprends à finalement apprécier la balade (je suis tout seul sur le bateau après tout), et cette dernière a le mérite de me faire voir toutes ces maisons sur pilotis le long du petit canal que nous écumons. Les conditions pas évidentes de cette vie là, les déchets innombrables dans le canal, des chantiers non terminés, certaines maisons sur le point de s’effondrer, mais également de chouettes bicoques, voire de majestueuses habitations. Je demande au conducteur combien de « croisières » il fait par jour : entre 3 et 5 balades de 2h, et quand je ressors groggy et saoulé du bruit de moteur, je me demande bien comment c’est tenable.

Dépôt du colis (pas encore piégé) au Wat Arun, sous un vrai cagnard … premier contact avec les temples thaïlandais. Ces hautes structures blanches inspirent le respect et sont propices au recueillement. Les messages « pas de tatouage bouddha » / « pas de reproduction du bouddha » pullulent autour du site, en raison du caractère sacré qui est souvent bafoué par les touristes qui cherchent à ramener des souvenirs.

Puis j’entame ce que j’aime faire lorsque je découvre une ville : je marche pendant quelques heures au hasard de mes pertes d’orientation chroniques, en l’occurrence sous un soleil de plomb (suspect numéro 2). J’aime ce rituel car il permet souvent de sortir des sentiers battus et d’avoir un peu le sentiment d’être le seul touriste du coin.

Fatigué par les 5 heures de sommeil de ces deux derniers jours – oui je ne trouve pas le sommeil dans l’avion quand je ne m’enfile pas deux whiskies – j’hésite à terminer ma visite par un petit massage, mais il est 16h et je n’ai plus aucun courage. Je hèle un premier taxi (qui veut bien enclencher son compteur mais seulement en échange d’un passage chez son ami le tailleur), puis un deuxième qui lui, se résoud à affronter les bouchons de 16.30 pour me ramener. Clim’ a fond, la communication reste assez difficile, car globalement j’ai encore beaucoup de difficultés à comprendre ce qu’on me dit en anglais (il y a comme un léger accent), mais je trouve les thaïlandais assez bienveillants malgré tout. Je m’endors dans le taxi, incapable de lutter.

De retour à l’auberge, je m’occupe du check-in (possible uniquement à partir de 14h), et investis mon lit quelques minutes avec un plaisir non dissimulé. Seulement quelques minutes, car ce qu’il y a de particulièrement agréable dans les auberges de jeunesse, c’est cette démarche de curiosité partagée par chacun dans ces conditions, qui change fortement de nos mauvaises habitudes parisiennes, à ne parler à personne. 

Fin de journée dans un food court pas très loin (suspect numéro 3) : soupe à la viande et aux boules de poisson (a priori), discussions autour du voyage et du fait qu’on est tous – voyageurs solitaires « longue durée » (plus d’un mois) pour la première fois – quelque part à l’aune d’un changement de vie, plus ou moins radical, et en quête de quelque chose, que ce soit des réponses sur la direction à prendre dans notre vie, ou simplement une quête d’un meilleur soi sans doute. Une première soirée vraiment sympa qui se termine par … un sacré mal de ventre à 3h du mat.

À l’heure où je termine ce billet, il est 5h. J’ai dormi 3h, et passé les deux dernières heures à errer dans les couloirs en quête d’eau fraîche plié en deux à combattre assez peu vaillamment les moustiques, ou comme maintenant, installé dans un hamac, à voir défiler le film de ma vie, enfin … de sa journée … pour comprendre ce qui a pu me conduire dans cette impasse. Je me réjouis à l’idée du cours de cuisine que j’ai réservé pour l’après midi qui vient … 🙂

Petit bonus culturel : THE film à ne pas rater dans l’avion … :