Cet article fait partie d’une série de 5 articles relatant un voyage de 3 semaines en Argentine / Bolivie.

Jour 2

Départ pour Salta le lendemain. Le taxi qui nous amène à l’aéroport Jorge Newbery, utilisé notamment pour les connexions intérieures, nous parle d’un espagnol rapide mais – d’après Aurore – compréhensible. Ce dernier nous raconte qu’il vient de Lima et qu’il a fait la route avec sa voiture pour venir jusqu’ici travailler.

A l’aéroport, nous découvrons les Alfajores, des douceurs chocolatées, un peu poudreuses, farcies de dulce de leche. Nous découvrirons plus tard que le dulce de lèche est l’ingrédient indispensable de tout dessert qui se respecte en Argentine. De la même famille que la confiture de lait qu’on trouve en France, avec une texture un peu plus crémeuse.

Arrivés à Salta, un taxi nous amène dans le centre, et notre objectif est de louer une voiture pour les 4 prochains jours afin de sillonner la région. 

Il est 12h, les loueurs de voiture n’ouvrent qu’à partir de 16h. Les épaules meurtries par nos gros sacs à dos, nous traversons les rues avec prudence, car les lois de la route nous semblent impénétrables en cet instant précis. La priorité va t-elle à droite, à gauche, ou à celui qui s’engage à plus grande vitesse dans le carrefour ?

Comme à Buenos Aires, l’espace est quadrillé en blocs d’environ 100 mètres, et les rues sont pour la plupart en sens unique. Il est donc assez aisé de se repérer et d’éviter les tampons en tant que piéton. 

Nous avons choisi Las Moras Hotel : un hôtel un peu excentré à 10kms en pensant que nous aurions une voiture, mais comme ce n’est pas le cas, nous décidons de poser nos guêtres à l’hôtel puis de revenir dans le centre dans l’après midi. 

La chambre est mignonne, le balcon qui donne sur la piscine de l’hôtel l’est encore plus. L’eau est bien trop fraîche pour la baignade mais un peu de repos n’est pas de refus.

De retour à Salta vers 17h, la grande vadrouille peut commencer, et malgré les horaires d’ouverture qui indiquent 16:30 sur les portes de nombreux loueurs, personne au guichet. Il semble qu’il n’y ait plus aucune voiture disponible, et en conséquence, plus personne dans les agences. 

Quelques unes sont ouvertes toutefois, et c’est chez Fit que nous trouverons une voiture, mais seulement … pour le lendemain soir, et à un tarif complètement prohibitif comparé à nos lectures de blogs (environ 8000 ARS avec assurance complète – les routes du nord ouest de l’Argentine ne sont pas toutes lisses – soit environ 160€ pour 3 jours)

C’est le portefeuille un peu plus léger que nous goûtons nos premiers empanadas autour de la place principale. De délicieux petites brioches fourrées de viande, de fromage … ou de quinoa (cultivé en masse dans cette région ainsi qu’en Bolivie). Le litre de bière, étalon universel du pouvoir d’achat, est à 200 ARS (4€), l’empanada à 25 ARS (0,50€).

S’ensuit un dîner copieux dans une « parilla » (restaurant de grillades) : Parilla El Charrua. La réputation de la viande argentine n’est pas usurpée, elle est tendre, goûteuse, et servie en quantité impressionnante. Mon T-Bone steak fait 600 grammes. Le lomo d’Aurore va chercher dans les 400 grammes … seules les patatas fritas (frites) sont décevantes, et ce sera le cas durant l’ensemble du séjour.

Les argentins ne savent pas faire les frites !

Jour 3

En l’absence de voiture, la journée se passera à Salta. La première mission de la journée consiste à retourner sur les lieux du crime carnivore de la veille afin de savoir si les restaurateurs ont par hasard retrouvé un des objectifs de mon appareil photo porté disparu.

J’en ressors avec le dit objectif, ce qui suscite chez Aurore un rictus teinté à la fois de soulagement et d’écœurement d’être épargné par le karma de la sorte.

Incontournable à Salta, la place centrale (Plaza 9 de Julio) abrite de nombreux monuments dont le Musée Archéologique de Haute Montagne mais aussi la cathédrale de Salta, tout de parme vêtue :

Nous enchaînons avec la visite du Musée Archéologique de Haute Montagne (MAAM). Le musée retrace la tradition des Incas, notamment autour des sacrifices d’enfants pratiqués au 16e siècle.

On y apprend qu’il y a plusieurs façon de conserver des corps, l’un d’eux est la momification par le froid. Le point d’orgue de la visite : los 3 niños de Llullaillaco, morts au 16e siècle, retrouvés momifiés en 1999 sur ce volcan, conservés dans les mêmes conditions que celles de haute altitude, et exposés à tour de rôle dans un caisson. Cela fait froid dans le dos. On parle d’enfants qui avaient 6 ans, 7 ans, et 15 ans au moment du sacrifice, et les enfants sont « impeccablement » conservés. On s’attend à ce qu’ils se jettent sur les parois du caisson d’une minute à l’autre pour nous sauter au coup. Cauchemars garantis.

C’étaient souvent les enfants des familles importantes qui étaient mariés ensemble puis sacrifiés. Les enfants étaient alors drogués, perdaient connaissance et mourraient dans ces conditions atroces sans vraiment s’en rendre compte. Pour en savoir plus, je vous invite à lire cet article de National Geographic sur les sacrifices des enfants incas.

La visite est assez courte, mais intéressante et donne envie d’en connaître plus sur les us et coutumes des Incas. Au détour de quelques détails sordides, on y apprend également qu’ils avaient du être nourris peu de temps avant car les scientifiques ont retrouvé de la matière fécale dans leurs corps (500 ans après). 

Cela pourrait couper l’appétit, mais nous sommes tous deux doués d’une belle capacité de compartimentage qui nous permet d’aller nous sustenter à deux pas du musée chez Aires Caseros

Je prends une spécialité du pays, un Pique de Chorizo de Llama, rassemblant dans une même assiette chorizo, frites molles (normal c’est des Patatas Fritas), œufs et petits légumes croquants, assez écœurant. Aurore opte pour des ravioles à la crème, ou plutôt de la crème aux ravioles insipides. Punis par le karma.

Deuxième activité de la journée : le téléphérique offrant une belle vue sur la ville.

Pour cela, nous traversons le Parque San Martin, un parc sans grand intérêt. Le téléphérique est au bout de ce parc, qui nous offre tout de même un sympathique arc en ciel.

La montée se fait en une dizaine de minutes, et la vue sur la ville est impressionnante. En haut, des argentins évacuent leur maté en utilisant les agréés mis à disposition. D’autres boivent une bière en terrasse. Nous rejoignons le deuxième groupe. 

De retour dans le centre de Salta, nous prenons possession de notre véhicule et allons dîner près de la place principale chez Rustiko.

L’occasion de tester en aveugle le Tamal, spécialité argentine au même titre que les empanadas. Nous ne savons pas ce que c’est, mais ça ressemble à un ballotin de polenta agrémenté de morceaux de viande bouillis. On n’est pas fans. Le reste du repas n’est franchement pas terrible, même les empanadas sont décevants par rapport à ceux de la veille. Une adresse à éviter.

Jour 4

Premier jour de « liberté » avec notre petite Chevrolet, qui doit nous emmener dans le sud de Salta, à Cafayate, région viticole. 

Les curiosités argentines de la route : des chiens errants qui font mine de se mettre sur le côté pour se jeter sur les voitures au dernier moment, et des camions qui activent le clignotant gauche lorsqu’on tente de doubler. En Amérique du Sud, cela semble dire qu’on peut doubler, il faut juste le savoir. Sinon c’est assez dissuasif.

Après une centaine de kilomètres sur une route assez peu interessante, les couleurs vives font leur apparition à l’approche de la Quebrada de las Conchas.

Connue pour être un des sites les plus spectaculaires du Nord Ouest Argentin, ce canyon tire sa particularité de ses nombreuses sculptures naturelles créées par le vent et par le Rio de Las Conchas.

Les points de vue sont magnifiques, un dégradé d’ocre se mêle aux couleurs sable et vert des grandes étendues désertiques. 

Une des attractions est la Garganta Del Diablo, une gorge assez impressionnante. Quelques artisans tentent de vendre leurs produits.

Après 150 kms et des arrêts toutes les 10 minutes pour profiter du paysage, on se rend compte qu’on a opté pour une mauvaise stratégie en cherchant à rayonner à partir de Salta. Les distances sont trop grandes pour faire l’aller/retour vers le nord ou le sud dans la journée et pouvoir profiter. 

Arrivés à Cafayate vers 15h, nous déjeunons au restaurant El Estancia, un de ceux qui restent ouverts à cette heure, pour un repas plutôt bon sans artifice.

Un américain rencontré la veille dans l’agence de location de voiture nous avait conseillés deux choses : 

  • déjeuner ou dîner chez Bad Brothers
  • visiter la Finca de las Nubes, un vignoble familial

Nous arrivons dans le vignoble à 16h30, heure de la dernière visite qui a déjà commencé malheureusement. Nous pouvons toutefois profiter du bon vin dans le jardin, qui nous offre un panorama grandiose, bien que l’hiver ait fait son œuvre sur les vignes.

Lors de notre dégustation, nous constatons qu’il n’y a que des français autour de nous. L’attrait du vin ? Quoi qu’il en soit, sur le chemin du retour, nous reconnaissons deux françaises croisées la bas qui faisaient du stop et les embarquons. 

Les deux filles qui font un tour du monde s’avèrent avoir de gros points communs avec Aurore, et nous prenons un apéro chez El Zorrito, un bar à Cafayate qui propose des bières assez costaudes, et qui nous emmèneront jusque minuit, cacahuètes et ulcère de l’estomac inclus, pour une soirée très sympathique. 

Mais qui ne nous aura pas permis de dîner chez Bad Brothers. L’endroit vaut tout de même le coup apparement, d’où sa présence dans ces lignes. 

L’Hotel Plaza Cafayate que nous avons choisi pour la nuit s’avère lui aussi chaudement recommandable, même si nous avons été réveillés tôt par un bruit de fond non identifié à ce jour : 

Jour 5

Le lendemain, c’est barbouillés que nous reprenons la route pour revenir à Salta.

Nous nous étions réservés certains arrêts sur cette route magnifique pour le trajet du retour, et nous ne sommes pas déçus du voyage : 

Premier arrêt officiel à Los Colorados :

El Obelisco :

L’Anfiteatro :

Panorama grandiose à Tres cruces :

Petite pause cantine vers 15h à El Carill, un village à quelques dizaines de kilomètres de Salta, et repos à l’hôtel (toujours Las Moras Hotel) car nous avons prévu de faire l’aller retour dans le nord le lendemain, et d’enchaîner avec un bus de nuit. 

Jour 6

Départ à 8h de l’hôtel après un petit déjeuner copieux (overdose de dulce de leche).

La route que nous indique Maps.me nous laisse perplexe. On aurait dû choisir Google Maps.

Après une demi heure de route, nous gagnons en altitude sur un chemin de montagne. Nous croisons deux voitures en tout et pour tout, et si la route (RN9) est belle et tortueuse, elle nous inquiète quant à la faisabilité de l’aller/retour dans la journee : 20 kms en 45 minutes …

Les limitations sont assez étonnantes, et il n’est pas rare de voir des panneaux « Max 20 km/h » pour annoncer des virages qu’on passe à 50 km/h ou pour annoncer des contrôles de police.

Les zones de contrôle sont assez fréquentes mais nous ne nous serons fait arrêter qu’une fois pour cause de feux de croisement non allumés (ces feux doivent être allumés en permanence).

La route vers le nord est beaucoup moins belle que la veille et nous décidons de faire notre halte à Purmamarca, village réputé pour ses montagnes aux sept couleurs. 

Le village est assez touristique, mais garde un certain cachet avec ses maisons ocres. 

Un sentier de 3 kms part du village et permet de faire le tour de ces montagnes aux couleurs chatoyantes. Certaines montagnes ressemblent à des Chavroux oubliés dans un frigo depuis des mois : une couleur verte qui ressemble fortement à de la pourriture.

Il n’empêche, le spectacle est de la partie, et « randonner » dans cette région est un vrai bonheur. 

De retour au village, nous faisons quelques emplettes (cette belle nappe aux couleurs vives trouvera t-elle franchement sa place sur la table de la salle à manger ?) et mangeons une tortilla au fromage de chevre sur la place principale. La dolce vita. Ou la suave vida si on la joue régionale. 

Pensant trouver un raccourci, nous optons pour une route différente pour le retour.

Résultat : autant de temps passé dans la voiture qu’à l’aller mais pour voir des paysages assez tristes (bidonvilles, chiens morts sur la route, routes provinciales impraticables, et la traversée de San Salvador de Jujuy qui ne me laissera pas un souvenir impérissable avec ses chauffards qui déboulent de n’importe où).

Nous rendons la voiture à Salta sans encombres, et dînons par facilité chez New Time, sorte de bar de sports sur la place principale. Les grillades sont excellentes et nous sommes à l’heure pour notre bus de nuit qui doit nous mener à la frontière argentine avec la Bolivie à la Quiaca.

Le récap' Chuipala

Que faire au centre ville de Salta ?

Très cher mais rien à redire sur le service. La voiture était prête à l’heure, aucun problème à signaler sur la voiture, et le service était très professionnel, ce qui ne semble pas si courant à Salta.

3 jours de location + assurance tout compris : 8000 ARS (env. 160€). Beaucoup trop cher, mais nous nous y sommes pris trop en retard en cette période apparemment touristique (mois d’août).

Morceaux de viande à tomber, service excellent bien qu’un peu lent par rapport aux standards européens. Et surtout … ils ont gardé l’objectif de mon appareil photo oublié après le dîner.

Repas (copieux) pour 2 avec vin : 2300 ARS (env. 46€)

Chambre spacieuse, vue de la chambre très agréable, service sympathique mais un couac à l’arrivée ou la chambre initiale ne correspondait pas à la réservation (pas de balcon). Le petit déjeuner est copieux mais un peu trop autour de la thématique Dulce de Leche.

Nuitée à environ 2500 ARS (env. 50€).

Visite assez courte mais impressionnante. On en apprend beaucoup sur les rituels Incas, et on reste longtemps hantés par la momie exposée dans le musée.

Entrée : 200 ARS / personne (étrangère)

Plats copieux mais manquant de finesse.

Incroyable vue sur la ville. L’attente pour prendre le téléphérique peut être un peu longue, et hormis la vue exceptionnelle, peu de choses à faire une fois en haut (si ce n’est du sport : tractions ou lever de coude au choix)

Le service est plutôt sympathique. C’est juste pas bon.

Ressemble à un bar des sports, mais on y mange bien

Que faire au sud de Salta dans la région de Cafayate ?

On peut difficilement trouver plus jolie route que celle-ci. Comme une envie pressante de s’arrêter toutes les 5 minutes.

Magique, et gratuit : aucun des sites naturels cités ci-dessous n’est payant.

Touristique mais spectaculaire.

Sans doute pas le meilleur restaurant du coin, mais nous a bien nourris pour une arrivée à 15 heures.

Le bar n’est pas particulièrement attrayant mais les bières sont bonnes et le service « muy amable ».

Superbe site, où on observe longuement les sculptures naturelles taillées dans les roches, entre deux cactus mourants.

Les paysages autour du site valent l’arrêt.

On se sent petit à l’intérieur de ce canyon. Quelques artisans vendent de beaux produits également.

Attirés (ou pas) par le son de l’ocarina qui reprend immanquablement « El Condor Pasa » (Paul Simon), le site vaut clairement le détour.

Que faire au Nord de Salta vers la Quebrada de Huamahuaca ?

Mieux vaut avoir le temps, mais la route est très belle, et la conduite agréable malgré l’étroitesse de la chaussée. Si les virages de montagne vous rendent malades, mieux vaut éviter.

Le village n’est sans doute pas le plus typique de la région, mais la petite randonnée de 3 kms autour du village est un pur moment de bonheur.