La journée commence donc – comme bien souvent – par un bus !

Départ tôt le matin, pour une arrivée à Dawei vers 14/15h.
Qui dit trajet en bus, dis histoires à raconter.

Dans ce cas précis, on sent bien qu’on n’est pas du tout dans un VIP bus. Mais dans un van qui peut accueillir une quinzaine de personnes. Devant nous, une femme qui semble assez mal en point (incapable de bouger toute seule semble t-il), entourée – nous présumons – de ses deux filles qui s’occupent d’elle. Derrière, une petite accompagnée de sa mère qui finira par lâcher un petit vomi du meilleur effet qui donnera des nausées à Lisa (le vomi birman n’est pas différent du notre, on a vérifié)

À chaque dos d’âne, la musique triple de volume … les enceintes doivent être connectées aux suspensions.

Nous marquons un arrêt vers la fin du trajet pour montrer nos passeports. L’occasion de quiproquos une nouvelle fois : ils font une photocopie de mon passeport que je donne au chauffeur, et ce dernier repart avec, mais après coup je ne suis pas sur de l’avoir donné à un chauffeur ou à quelqu’un d’autre. En tout cas il semblait content …

Autre moment sympathique, les réactions des gens lorsqu’on donne notre nationalité en réponse à la question : « where do you come from ? »
Lorsqu’on est brésilien : oh Neymar ! Lorsqu’on est français : oh Paris ! Benzema ! Lorsqu’on est allemand : oh Hitler ! …

Je crois que Tim, l’allemand qui nous accompagne a apprécié.
Arrivé à Dawei, et moult pérégrinations autour du fait de manger (les filles ont tout le temps faim), nous louons les scooters qui devraient – si tout se passe bien – nous permettre de rejoindre cette fameuse plage du paradis dans le sud de la péninsule.

Furiosa (cf. Mad Max Fury Road), munie de son rideau, est prête à en découdre

Armés de nos backpacks correctement arrimés à l’arrière, nous voilà parti pour la vraie séquence « Hell’s Angels » (après le simulacre de Bagan)

Un peu inquiets car nous allons devoir rouler de nuit, la route se passe douloureusement (pour le derrière) mais plutôt bien jusqu’à ce moment qui aurait pu virer au drame du genre de ceux qu’on voit en ce moment : « un python a dévoré un homme entier »

La scène : Vincent mène le troupeau, suivi de Lisa, puis Esmee, et moi qui fait office de voiture balai et ferme le convoi.

Une bonne heure de route déjà, et la fille devant moi qui s’était intercalée entre nous freine brutalement. Je réagis à temps, mais je ne comprends son empressement à s’arrêter qu’en levant les yeux. Non, je ne rêve pas … un cobra de 5 mètres ondule énergiquement d’un côté à l’autre de la route !!!

Muni de mon instinct protecteur (ou de survie personnelle), je dis à Esmee qui est devant moi de ne surtout pas bouger (tandis que je recule doucement inconsciemment :))

Le cobra est rentré dans sa jungle.

À peine remis de nos émotions, Lisa nous dit que le cobra était à 50 cm de sa jambe, en positon d’attaque. Et nous nous disons que le trajet aurait pu clairement virer au cauchemar … on a vu des panneaux « attention, éléphants » ou « attention, singes », mais un panneau « attention, cobra géant » n’aurait pas été superflu.

Evidemment, vous comprendrez que dans ces circonstances exceptionnelles, votre serviteur n’a pas dégainé son appareil photo assez vite …

La deuxième difficulté, c’est la conduite de nuit, notamment les deux derniers kilomètres que l’on qualifiera avec euphémisme de cauchemardesque.

Moi qui ai l’habitude de conduire un deux roues à Paris, je ne suis pas au top de ma confiance. Alors les filles qui conduisent depuis peu, je n’ose imaginer leur état intérieur … mais bouddha veille sur nous, la concentration est de rigueur et nous arrivons entier. Avec Vincent nous étions censés dormir à un autre endroit mais la perspective de ces 2 kms retour nous en dissuade.

Soulagés, mais quelque peu énervés par l’accueil qui nous est réservé (« vous auriez dû prévenir que vous arriviez plus tard » pour les filles), Lisa, un poil impulsive parvient à se faire un nouvel ami, qui ne retient que le « this is stupid » qui sort de sa bouche.

Malgré cela, nous, garçons, avons l’immense privilège de résider cette nuit sur le « balcony » du manager. Et les filles ont leur tente. Grand luxe !
Apres une première nuit quelque peu inconfortable, je me réveille à 6h30, l’œil attiré par la plage que nous apercevons enfin.



Je me fais un petit tour en compagnie de Bob, le chien du coin apparemment.

Bob, le chien alcoolique attachiant

Sympa de prime abord mais j’ai l’impression qu’il a du mal a gérer son énergie … bref je ne traîne pas trop longtemps et me dirige vers le petit déjeuner.

Journée à la plage, à peine interrompue par une excursion « rhum / internet », qui est une nouvelle occasion de tester cette fabuleuse route de jour.
Arrivés au village, nous voyons de nombreuses femmes porter des friandises sur un plateau, et il faut bien 10 minutes pour comprendre que nous assistons à une cérémonie de donation pour les jeunes moines. Les couleurs des robes sont magnifiques, les moments les plus magiques sont aussi parfois ceux les plus inattendus.

J’en profite pour faire du video bombing involontaire. Lisa est ravie (« come on dude ») …

« Ils sont où mes Caramabar :/ ? »


En allant un peu plus loin, nous nous arrêtons sur une plage, animée par des enfants qui jouent au foot avec un ballon à la rondeur discutable. Quelques photos avec eux, des sourires encore une fois, des cadeaux (les enfants nous offrent de magnifiiiiques coquillages – façon fête des mères quand on a 5 ans, vous voyez ?), et nous voilà repartis !


Dégoûté car je viens de lui mettre un petit pont (#ouiouicestca)


Rentré à beach paradise bungalows, s’ensuit un coucher de soleil inoubliable ainsi qu’un shooting photo mémorable, que nous garderons secret afin d’éviter aux filles d’être harcelées par les lecteurs de ce blog.

Excel me manque tellement à cet instant précis …


Puis, nous avons cette excellente idée de faire un jeu à boire, apparement appelé drinking bus aux Pays Bas (personnellement, je l’ai appris avec mes potes de l’Est …)


(@Vincent : Petite vengeance sournoise pour avoir publié la photo de mon Longyi sur Facebook)

En général celui qui parle le plus, est celui qui prend le plus à boire. Le rhum coca passe bien, mais comme à chaque édition, le jeu fait des victimes …

Afin de respecter la dignité de chacun, je ne donnerai pas de détails. Mais la soirée se termine autour d’un feu de camp. Un cracheur de feu birman un peu éméché prend des risques inconsidérés, et se brûle trois fois le corps … puis certains décident d’aller voir les planctons (qui brillent quand on fait bouger l’eau)


Pour avoir essayé le lendemain, ça reste une expérience magnifique, même si on est loin du rendu du film « Life of Pi »

Bref une soirée intense, annonciatrice d’une journée tranquille le lendemain. J’en profite pour apprendre le ukulele. Accords différents de la guitare, mais finalement assez simple à apprendre. Je me sens définitivement en vacances !

Seule sortie, l’excursion « internet » de la journée avec Lisa (#ireallywantInternet), qui va vite regretter d’être montée sur mon scooter.

L’occasion avant cela d’échouer encore une fois à me faire comprendre (toujours pas trouvé de crème solaire après deux jours de recherche). Il ne vaut mieux pas avoir peur du ridicule relatif à l’incompréhension en Birmanie, ça arrive souvent.

Digression : Cela me rappelle mon séjour à la clinique à Bagan que j’ai oublié d’évoquer dans l’article correspondant. Je suis arrivé avec mon pansement au pied plein de sang … et je suis reparti avec, le « médecin » m’ayant observé 5 bonnes minutes d’un air circonspect après m’avoir écouté déblatéré mes malheurs, puis conclu par : « Hum. Revenez quand vous aurez enlevé le pansement ». Je capitule … après tout je répète qu’il faut choisir ses combats.

Sur le chemin du retour vers le paradis (qu’on appellera Hell’s Road), sans doute galvanisé par ces deux derniers allers / retours sans accroc, j’arrive à nous faire tomber … déséquilibré, je manque d’appuis sous ma jambe gauche et m’écrase comme une grosse crêpe bretonne sur les roches 1 mètre plus bas. Lisa, portée par son instinct de survie, m’a abandonné et a sauté du scooter. On s’en tire tous les deux avec quelques bleus … « lucky lucky » nous dira le birman éméché de la veille. Évidemment ce dernier a assisté à la scène (le karma …)

Encore une fois : « pardon Lisa » … 🙂

Quelques photos et vidéos de la route (qui reste très belle) pour illustrer :
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Remis de nos émotions, le coucher de soleil est à nouveau magnifique. Mais vu la soirée de la veille, il faut se faire violence pour rester debout longtemps.

Apres un énième coconut curry (la carte de l’endroit où nous résidons n’offre pas vraiment un choix pléthorique), et une partie de « asshole » (le jeu de cartes « trou du cul »), je vais donc voir mes petits planctons en compagnie de mes camarades.

Le jour suivant, les filles doivent partir, n’étant pas parvenues à choper une tente une nuit supplémentaire. Nos insistances pour trouver une solution ont l’air de rendre le responsable un poil grognon. Par conséquent, ne restent plus que Vincent et moi, et nous enfourchons nos deux roues pour Grandfather Beach, où nous pouvons rouler directement sur la plage. Encore une fois, instant magique, a rider sur le sable, en s’imaginant participer au Paris Dakar (ou plutôt 4L Trophy catégorie enfant) :


Sur le chemin du retour, nous sommes acclamés par les enfants, au rythme de « Mingalaba !!! » (Ça veut dire bonjour en birman). Je me fais la réflexion qu’en fin de compte, sans pression sociale ou dans certaines conditions / croyances, l’humain est peut-être naturellement excité par l’étranger, et non effrayé comme on a tendance à le penser (surtout en France en ce moment …) :


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De retour au bercail, nous décidons d’enchaîner avec de nouvelles bouteilles de rhum, afin d’oublier le chagrin causé par notre séparation avec les filles (qui nous ont alors confirmé être vivantes). Soirée encore une fois mémorable, le couple sexagénaire d’américains – qui sont un peu les stars de Paradise Beach Bungalows il faut l’avouer – lance les hostilités en proposant de danser dans la zone restaurant. Tout le monde est bien chaud, et une fois la soirée lancée, les américains s’éclipsent.

Le temps pour nous de sympathiser rapidement avec des néerlandais, des allemands, quelques français et une italienne. Discussions marquantes, barre au front et gueule de bois sont au menu.

Apres deux nuits sur le balcony, et seulement une petite nuit dans un vrai bungalow, des « douches » froides (enfin un gros bac d’eau), l’ultime nuitée sur le balcony fait mal …

Quelques photos de l’endroit avant de partir :

Une exposition digne des meilleurs photographes …


Départ prévu à 13h, je prends quelques risques en mangeant des fruits de mer, que je ne regretterai pas :


Le retour en scooter est long (3 heures !)

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Mais nous parvenons à Dawei à temps pour grimper dans le bus VIP (comprendre bus confort) qui nous mène à Yangon (l’ancienne capitale Rangoon). Cette fois, ils ne se sont pas moqués de nous, je ne suis jamais monté dans un tel bus (films, boissons, écouteurs à disposition, espace).


Malheureusement pas suffisant pour ma part pour passer une bonne nuit !